Révolution dans les missions mondiales (Page 10 / 31)

Un e-book de K. P. Yohannan

Une nation endormie dans l'esclavage

J'ai découvert que la religion est une industrie de plusieurs milliards de dollars aux États-Unis. En entrant dans des églises, j'étais surpris en voyant les tapis, l'ameublement, les systèmes de climatisation et la décoration.

Un grand nombre de ces églises ont des gymnases et des salles qui servent à des activités qui n'ont à peu près rien à voir avec Christ. Les orchestres, les chorales, la musique « spéciale », et parfois même les prédications, ressemblent plus à un spectacle artistique qu'à de l'adoration.

Beaucoup de Nord-Américains vivent coupés du monde réel. Ils ne savent rien des pauvres qui vivent à l'étranger, ni même de ceux qui vivent dans leur propre ville. Au milieu de l'abondance vivent des millions de personnes extrêmement pauvres laissées en plan depuis que les chrétiens sont allés vivre dans les banlieues. J'ai réalisé que les croyants sont prêts à participer à n'importe quelle activité d'apparence spirituelle, mais qui, en réalité, leur permet de fuir leur responsabilité envers l'Évangile.

Par exemple, un matin, j'ai feuilleté un magazine populaire chrétien qui contenait plusieurs articles intéressants, des histoires et des reportages provenant de partout au monde. La plupart étaient écrits par des leaders chrétiens bien connus de l'Occident. J'ai remarqué que cette revue contenait des annonces publicitaires pour 21 universités, séminaires ou programmes de formation à distance pour chrétiens; cinq versions de la Bible en anglais, sept conférences et retraites; cinq nouveaux films chrétiens; 19 commentaires et livres de dévotion; sept programmes chrétiens de santé ou de régimes alimentaires et cinq services de collectes de fonds.

Mais ce n'était pas tout. Il y avait aussi de la publicité pour toutes sortes de produits et de services : conseillers, aumôniers, cours d'écriture, clochers d'église, toges de chorale, croix murales, baptistères et chauffe-eau, t-shirts, disques, cassettes, agences d'adoption, brochures, poèmes, cadeaux, clubs de livres et correspondants. Tout cela était des plus impressionnants. Je suis convaincu que rien de tout cela n'était vraiment mal en soi, mais j'étais troublé de savoir qu'une nation puisse avoir autant de luxe spirituel tandis que chaque jour, dans mon pays d'origine, 40'000 personnes meurent sans avoir entendu l'Évangile une seule fois.

Si l'abondance en Amérique m'impressionnait, j'étais davantage impressionné par l'abondance dans laquelle vivent les chrétiens. Aux États-Unis, environ 5'000 boutiques de livres et de cadeaux chrétiens vendent toute une variété de produits dépassant l'imagination. Plusieurs magasins non-chrétiens vendent également des livres religieux. Pendant ce temps, 4'845 des 6 912 langues parlées dans le monde n'ont accès à aucune partie de la Bible! Dans son livre, My Billion Bible Dream, Rochunga Pudaite dit : « Quatre-vingt-cinq pour cent de toutes les bibles imprimées aujourd'hui sont en anglais, pour les neuf pour cent du monde capable de la lire. Quatre-vingts pour cent des habitants de la terre n'ont jamais eu de Bible en leur possession, alors que les américains en ont en moyenne quatre par foyer. »

Mis à part les livres, il existe 8'000 magazines et journaux chrétiens. Plus de 1'600 stations radiophoniques diffusent l'Évangile à plein temps, tandis qu'un grand nombre de pays n'ont pas une seule station de radio chrétienne. Un maigre 0,1 pour cent des émissions de radio et de télévision sont dirigées vers le monde non évangélisé.

La plus triste observation que je puisse faire à propos de ces activités de communication dans le monde occidental est celle-ci : très peu, s'il y en a, de ces médias sont conçus pour atteindre les non-croyants. Ils servent presque tous à divertir les saints.

Les États-Unis, avec leurs 600'000 congrégations ou regroupements, sont bénis par la présence de 1,5 million d'ouvriers à plein temps, ou un chef spirituel pour chaque 182 personnes de la nation. C'est toute une différence avec le reste du monde, où plus de deux milliards de personnes n'ont toujours pas entendu l'Évangile. Ces gens que nous appelons aussi les « peuples cachés », n'ont qu'un missionnaire pour 78'000 personnes. Il reste encore 1'240 groupes culturels distincts dans le monde, qui n'ont pas une seule église pour leur enseigner l'Évangile. Christ a pleuré et est mort pour ces multitudes.

Une des plus impressionnantes bénédictions en Amérique est la liberté religieuse. Non seulement les chrétiens américains ont-ils accès à la radio et la télévision évangélique, qui n'existe pas dans la plupart des nations asiatiques, mais ils sont aussi libres de se rassembler, d'évangéliser et d'imprimer leur documentation. C'est très différent des nations asiatiques, où il est commun et souvent légal pour le gouvernement de persécuter les chrétiens.

C'était le cas au Népal, où jusqu'à il y a quelques années seulement, il était illégal de changer de religion ou d'en inciter d'autres à le faire. Dans ce temps-là, les chrétiens étaient souvent emprisonnés à cause de leur foi.

Notre missionnaire natif du Népal a été emprisonné dans 14 établissements entre 1960 et 1975. Pendant dix des quinze années de sa sentence, il a été torturé et ridiculisé pour avoir prêché l'Évangile à son peuple.

Tout a commencé quand il a été arrêté pour avoir baptisé neuf nouveaux croyants. Les nouveaux convertis (cinq hommes et quatre femmes) ont aussi été arrêtés, et chacun a été envoyé en prison pour un an. Notre missionnaire a eu une sentence de six ans pour avoir influencé les autres.

La prison où on les a envoyés était littéralement un donjon de la mort. Entre 25 et 30 personnes étaient entassées dans une petite pièce sans ventilation ni installation sanitaire. L'odeur était tellement infecte que les nouveaux arrivants s'évanouissaient généralement dans les trente minutes après leur arrivée.

La prison où était le frère P. et ses frères était infestée de poux et de blattes. Les prisonniers dormaient sur le sol dur. Les rats et les souris leur rongeaient le bout des doigts et des orteils durant la nuit. En hiver, il n'y avait pas de chauffage, en été, il n'y avait pas de ventilation. Comme nourriture, les prisonniers avaient droit à une tasse de riz par jour, qu'ils devaient faire cuire sur un feu allumé sur le sol de la prison. Comme il n'y avait pas de cheminée, la pièce était continuellement pleine de fumée. Avec ce régime inadéquat, la plupart des prisonniers étaient fréquemment malades, et l'odeur de vomissure s'ajoutait aux autres odeurs de putréfaction. Mais par miracle, aucun des chrétiens n'a été malade une seule fois dans toute l'année.

Après avoir purgé leur peine d'un an, les neuf nouveaux croyants ont été relâchés. Ensuite, les autorités ont décidé qu'elles voulaient briser le frère P.. Elles lui ont enlevé sa bible, lui ont mis des chaînes aux mains et aux pieds, et l'ont fait entrer dans un petit cubicule qui servait à entreposer les prisonniers morts jusqu'à ce que leurs proches viennent les chercher.

Le gardien de la prison a prédit que ce n'était qu'une question de jours avant qu'il perde la raison dans cette cellule noire et humide. La pièce était tellement petite que le frère P. ne pouvait ni se tenir debout ni s'allonger sur le sol. Comme il ne pouvait pas faire de feu pour cuire son riz, les autres prisonniers lui passaient de la nourriture sous la porte, afin de le garder en vie.

Les poux ont mangé ses sous-vêtements. Il ne pouvait pas se gratter à cause des chaînes, qui ont fini par lui couper les poignets et les chevilles jusqu'aux os. C'était l'hiver et il est passé près de mourir gelé à plusieurs reprises. Il ne pouvait différencier la nuit du jour, mais, quand il fermait les yeux, Dieu lui montrait les pages du Nouveau Testament. Même si on lui avait enlevé sa Bible, il pouvait encore la lire dans l'obscurité. Cela lui donnait la force de supporter cette terrible torture. Pendant trois mois, il n'a pas eu le droit de parler à un autre être humain.

Le frère P. a été transféré dans de nombreuses autres prisons. À chaque endroit, il continuait de partager sa foi avec les gardiens et les prisonniers.

Bien que le frère P. était souvent emprisonné, il refusait de former des églises clandestines. Il disait : « Comment un chrétien peut-il se taire? Comment une église peut-elle être gardée secrète? Jésus est mort ouvertement pour nous. Il n'a pas essayé de se cacher avant de se rendre à la croix. Nous devons parler de lui avec assurance sans nous soucier des conséquences. »

Étant natif de l'Inde, j'ai été battu et lapidé pour ma foi. Je sais ce que cela signifie de faire partie de la minorité persécutée dans mon propre pays. En arrivant en terre occidentale, j'ai ressenti un esprit de liberté religieuse. Les américains n'ont jamais connu la peur d'être persécutés. Rien ne leur semble impossible.

Quand je vivais en Inde, j'avais toujours considéré l'Amérique comme une forteresse de christianisme. Avec son abondance spirituelle et matérielle, une abondance inégalée sur toute la terre, et une Église totalement libre, je m'attendais à voir une foi solide. La grâce de Dieu a évidemment été déversée sur cette nation et cette Église comme on ne l'a jamais vue ailleurs.

Au lieu de cela, j'ai vu une Église en déclin spirituel. Les croyants américains sont encore ceux qui donnent le plus d'argent aux missions, mais cela est probablement dû à un accident historique plus qu'à la profonde conviction que je m'attendais à y trouver. En allant prêcher dans les églises et en parlant avec des chrétiens ordinaires, j'ai découvert qu'ils ont une mauvaise conception de la vocation missionnaire de l'Église. Lorsque j'entendais, dans certaines églises, les questions et les commentaires de mes hôtes sur le tiers-monde, mon cœur éclatait presque de douleur. Je savais que ces personnes étaient capables de faire beaucoup mieux. Ils étaient en train de mourir spirituellement, mais je savais que Dieu voulait les faire revivre et qu'il voulait que son Église retrouve sa vocation et son sens de la mission.

Je ne savais ni comment, ni quand, mais je savais une chose : Dieu n'avait pas béni cette nation ainsi pour qu'elle vive dans l'extravagance, l'autosatisfaction et la faiblesse spirituelle. Par la foi, je croyais que nous étions sur le point de voir un réveil – le corps de Christ redécouvrant la puissance de l'Évangile et la responsabilité qui lui incombait de le répandre. Mais pour l'instant, je ne pouvais faire autre chose que constater l'injustice de la situation et prier. Dieu ne m'avait pas donné les mots pour dénoncer ce que je voyais, ni la tribune pour le faire. Il avait encore d'importantes leçons à m'enseigner dans ce pays étranger, loin de ma patrie bien-aimée.

Photo de K. P. Yohannan
Pasteur
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